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nouvelles. Chaque année, au mois de mai, M. John James Ruskin parlait pour une tournée d’affaires. Sa femme, ne voulant le laisser affronter seul aucune fatigue, le suivait ; on plaçait le petit John entre les deux sur le portemanteau et « la bonne » derrière la voiture, sur le dickey, et toute la famille roulait en poste. Chaque soir, les visites commerciales terminées, M. John James Ruskin menait son fils dans les ruines, les châteaux, les cathédrales qu’on trouvait sur la route. On lisait des vers et l’on dessinait. À cinq ans, John s’en va ainsi dans la région des lacs, en Écosse ; à six ans en France, passer à Paris les fêtes du couronnement de Charles X, et il visite le champ de bataille de Waterloo ; puis il retourne en Angleterre, prenant partout des notes et des croquis, décrivant les collèges et les chapelles, la musique à Oxford, la tombe de Shakspeare, une fabrique d’épingles à Birmingham, des vues de Blenheim ou de Warwick Castle, découvrant le monde dans sa tangible et pittoresque variété à l’âge où les petits Français déchiffrent laborieusement des vocables abstraits sur de plates cartes de géographie. Plus tard, enthousiasmé par la région des lacs, il écrit sur le Skidaw comparé aux Pyramides ces vers où l’on ne reconnaîtrait certes pas un enfant de dix ans :