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l’amollir, et tout danger, au risque de le rendre gauche ; lui donnant chaque jour sa leçon de Bible avec méthode et suite, sans jamais le surmener, ouvrant peu à peu ses yeux à cette clarté de l’Ancien et du Nouveau Testament qui illuminera jusqu’au bout les hautes cimes de son œuvre. L’enfant n’avait même pas la perception de ce que pouvait être le souci. Les Ruskin ne dépensant jamais plus de la moitié de leurs revenus, se libéraient des inquiétudes d’argent et, mettant toute leur joie à admirer, ils ignoraient les tenailles de la jalousie et de l’ambition. Ils trouvaient le sort d’habiter un cottage et d’avoir le plaisir de la nouveauté en allant visiter Warwick Castle préférable à l’honneur d’habiter Warwick Castle et de n’avoir plus à s’enthousiasmer devant rien. D’un caractère égal, ils ne se passionnaient que pour les idées ou bien pour les spectacles de la nature. « Jamais, dit leur fils, je n’entendis leurs voix s’élever pour aucune discussion, jamais je n’ai vu un serviteur grondé sévèrement. » Sous une discipline douce, régnaient dans cette maison la paix, l’obéissance et la foi.

Ainsi sauvegardé de tout trouble extérieur, le goût artistique de l’enfant s’affinait dans une sorte d’extase. S’il voyageait, l’extase ne cessait point, mais trouvait un aliment nouveau dans des visions