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des effets d’éclairage. Enfin, voici un tableau primitif florentin, dans lequel les lignes n’ont pas d’importance ni les effets de lumière, mais tout le plaisir donné à l’œil consiste dans la gaieté et la variété de la couleur. En vous préparant à dessiner quoi que ce soit, vous trouverez que pratiquement vous avez à vous demander : chercherai-je la couleur de ceci ? ou la lumière de ceci ? ou la ligne de ceci ? Vous ne pouvez les avoir toutes les trois dans la même mesure.

Et quoique beaucoup des deux qualités que vous subordonnerez à la troisième puisse, dans chaque hypothèse, être compatible avec la qualité choisie comme dominante, cependant votre décision vous range dans une des trois grandes écoles séparées qui se partagent l’empire de l’art. C’est ainsi que, dans d’autres questions, un homme se dit : « J’aurai d’abord des bénéfices et ensuite autant d’honnêteté que je pourrai ». Un autre se dit : « J’aurai d’abord de l’honnêteté et ensuite autant de bénéfices que possible ». Quoique l’homme qui aura des bénéfices puisse être honnête subsidiairement ; quoique l’homme qui cherche l’honneur puisse devenir riche, — cependant ne sont-ils pas de deux écoles à jamais différentes ?

Ainsi vous avez en art des provinces absolument séparées, quoique se touchant par les frontières, celles des dessinateurs, des clairobscuristes et des coloristes ;

ou, pour leur donner des noms, les écoles de Raphaël, de Rembrandt, et de Fra Angelico : les lois de Rome, les lois d’Amsterdam, et les lois de Fiesole.

Or la nature, elle, nous enseigne les lois de Fiesole. Il y a eu de grands maîtres, dans les trois