l’affaissement de la Mélancolie parmi les outils des sciences, la chute des roses, qu’un ange laisse tomber du bout de ses doigts, une à une, sur la chair chatouillée de l’enfant Jésus qui s’amuse.... tels sont des mouvements qu’on peut reproduire, parce qu’ils ne choquent point notre instinct de permanence. Les bergers de Lorenzo di Credi peuvent garder longtemps leur même caressante attitude, les moines du Mont Salvat et les grands seigneurs de Carpacdo passer éternellement devant nos yeux sans fatigue, la figure de Dürer demeurer appuyée sur sa main aussi indéfiniment qu’une cariatide, et l’ange de Botticelli semer à jamais ses fleurs.
Et que, dans les lignes de ces gestes insensibles ou de ces inactions pensives, on se garde bien de mettre une agitation qu’on a proscrite dans leur composition. Il ne faut point contorsionner les membres ou chiffonner les draperies de ces personnages au repos, comme le fait le Bernin ou Gustave Doré. « Le dessinateur grand et sobre ne se permet pas de violentes courbes ; il travaille beaucoup avec des lignes dans lesquelles la courbe, quoique existante, ne se peut percevoir qu’après un long examen.... » Quand il prend le pinceau, il en va de même. Comme elle nous enseigne la paix des lignes, la Nature nous enseigne la paix des