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autres fantaisies semblables », du jour où les paysagistes cédèrent la place aux archéologues, on éprouva le froid des sarcophages rouverts, la piqûre mortelle du compas ; on sentit le formalisme de l’esprit classique et pédant se répandre dans nos demeures et les glacer. Le ruban sans racine et sans tête remplaça l’herbe vivante, la sotte banderole lia les fleurs dispersées, les plis somptueux des draperies gonflées par d’imaginaires orages masquèrent les formes humaines. « Ce fut comme si l’âme de l’homme elle-même séparée de la racine de sa santé et prête à tomber en corruption, perdait la perception de la vie dans toutes les choses qui sont autour d’elle et né pouvait plus distinguer l’ondulation des branches vigoureuses pleines d’une force musculaire et d’une circulation sanguine, du lâche ploiement d’une corde brisée. Ce jour-là fut consommée la condamnation du Naturalisme, — et avec lui de l’Architecture du monde.... »

Suivons donc, dans toutes les formes d’art : peinture, sculpture, architecture, la voie que nous trace la nature vue avec amour, et recherchons, jusque dans les plus minces détails techniques, son enseignement.

Ce qu’elle nous enseigne tout d’abord, c’est le calme : calme dans les couleurs, calme surtout