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seul espace plat, mais sans de ces trous noirs et de ces entailles profondes où se plaisent les Bernin et les autres artisans de décadence. — Le modelé des statues doit suivre le modelé non des linges, mais des chairs, et non des surfaces plates bâties par l’homme, mais des espaces arrondis voulus par Dieu.

Jusqu’en architecture, ce fil d’Ariane doit nous guider. Parce que l’architecture est, après le paysage, l’art qui peut le mieux rappeler la Nature, Ruskin a aimé l’architecture mieux que la statuaire, mieux que le portrait, mieux que tout, ce qui ne nous rappelle que les hommes. Et parce que, parmi toutes les architectures, la gothique est celle qui reproduit le plus abondamment et le plus fidèlement les entrelacs des branches, des courants, des feuilles et des fleurs, il a hautement préféré le style gothique au roman ou au byzantin ou à l’arabe ou au renaissant. Dans tous ses jugements, au fond des noires et froides cathédrales, il reste le paysagiste épris de rochers, de verdures, de fleuves et de soleil. Dans les Baptistères, il pense aux lits rocailleux où coulent les sources et devant les coupoles, il songe au dos rond des masses de granit. Les montagnes lui enseignent la construction des églises. Il veut que, dans une basilique, les pierres soient posées dans le sens où