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C’est l’homme fait par la Nature, — non le self-made-man.

La Beauté n’est donc ni dans un idéal d’une part, ni dans la nature dénaturée que copient les réalistes de l’autre, mais bien dans la Nature naturelle et si nous ne trouvons plus aisément cette Nature aujourd’hui, si les figures humaines qui nous entourent sont toutes ternies « par l’opération visible et instante du péché invaincu », eh bien, appelons-en non à un rêve, mais à une réalité, à une réalité passée, à un souvenir des temps heureux où l’homme fort, pur, lumineux et confiant, marchait parmi des paysages splendides qu’il n’avait eu le temps ni de détruire, ni d’insulter. Platon ne s’est peut-être pas tant trompé ! L’idéal d’aujourd’hui, c’est peut-être simplement un souvenir des réalités d’autrefois.... Gardons pieusement le souvenir de cette chose radieuse qui, parce qu’elle est passée, n’en fut pas moins réelle. Respectons les monuments qui nous en ont été laissés. « Une chose de beauté peut exister un instant à titre de réalité. Elle existe à jamais à titre de témoignage. À sa gloire et à sa sagesse, les nations doivent eu appeler in sœcula sœculorum et en toute vérité comme en toute confiance, une chose de Beauté est une loi pour toujours ! »

À cette question : Que fera l’Art et que doit-il