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ont vu : il ne répète rien de plus que ce que ses oreilles ont entendu. Les croyances qui bercèrent son enfance ont fui depuis longtemps sous l’aiguillon du Doute. Il a rendu à la pensée libre l’hommage le plus éclatant. Il a, au scandale des vieilles universités et en pleine chaire d’Oxford, poursuivi de ses attaques indignées l’arbitraire des dogmes et « l’insolence de la Foi ». Il a dénoncé l’orgueil de cette Église « qui s’imagine que des myriades d’habitants du monde pendant quatre mille ans ont été abandonnés à l’erreur et à périr, beaucoup d’entre eux à jamais, afin que, dans la plénitude des temps, la vérité divine pût nous être prêchée suffisamment à nous-mêmes », et raillé ces mystiques « qui se retirent de tout service de l’homme pour aller dans les cloîtres passer la meilleure part de leur vie en ce qu’ils appellent le service de Dieu, c’est-à-dire à désirer ce qu’ils ne peuvent pas obtenir, à pleurer ce qu’ils ne peuvent pas éviter et à réfléchir sur ce qu’ils ne peuvent pas comprendre.... » Mais ce n’a pas été pour abdiquer devant le matérialisme le libre examen de son esthétique, ni pour s’incliner devant « l’insolence de la Science ». Il n’a pas laissé à la porte des laboratoires le scepticisme ardent qu’il avait osé introduire dans les cathédrales. Il n’a pas accepté que la raison, non plus que la foi, se