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vertes de force pure et d’un charme que l’hiver ne fera pas passer ?

Il n’y a pas de réponse. Mais le résumé de tout cela, le voici : sur l’entière surface de la terre et des eaux, influencée par le pouvoir de l’air sous la lumière du soleil, une série de formes changeantes s’est développée dans les nuages, dans les plantes et dans les animaux ; toutes ces formes ont un certain rapport, dans leur nature, avec l’intelligence humaine qui les perçoit, et sur cette intelligence, dans leurs aspects d’horreur ou de beauté et leurs qualités pour le bien ou le mal, s’est gravée une série de mythes ou de verbes du pouvoir formateur, que les hommes selon la passion particulière et l’énergie de leur race ont fait servir à interpréter la religion. Et ce pouvoir formateur a été confondu par toutes les nations en partie avec le souffle de l’air au moyen duquel il agit et en partie compris comme une sagesse créatrice, procédant de la Divinité suprême, mais pénétrant et inspirant toutes les intelligences qui travaillent en harmonie avec Elle. Et quels que soient les résultats intellectuels obtenus dans nos jours modernes par la méthode qui considère cette émanation seulement comme une motion ou une vibration, chaque art formateur humain jusqu’ici et les meilleurs états du bonheur et de l’ordre de l’humanité, ont reposé sur l’appréhension de son Mystère (qui est certain) et de sa Personnalité (qui est probable)....

Arrivé là, le Prophète de la Beauté s’arrête. Il en a dit assez pour ceux qui aiment la Nature : il en a trop dit pour ceux qui ne l’aiment pas. Pourtant, on ne lui reprochera ni parti pris ni dogmatisme. Il n’affirme rien au delà de ce que ses yeux