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bien. C’est exact et très intéressant. Il faut autant de chaleur pour faire bouillir la bouilloire que pour porter l’aigle à son aire, et autant pour le jeter sur un lièvre ou sur une perdrix ; mais nous, peintres, connaissant l’égalité et la similitude de la bouilloire et de l’oiseau dans tous les aspects scientifiques, nous prenons notre principal intérêt à la différence de leurs formes. Pour nous, les faits qu’il importe d’abord de connaître dans les deux choses sont que la bouilloire a un bec de cruche et que l’aigle a un bec d’aigle, et que l’une a un couvercle sur son dos et que l’autre a des ailes. »

Or, quand nous examinons ces ailes et qu’à travers toutes les familles d’oiseaux nous voyons tant de caractères divers de beauté et que nous étudions les teintes qui s’y sont posées, répondant à nos sentiments intimes de joie ou de mélancolie, les éveillant à la vue d’un rouge-gorge qui passe et les endormant tour à tour, ne venez pas nous donner d’elles des explications qui expliquent tout, sauf leur beauté, et qui détruisent leur charme, qui est la seule chose que nous voulions conserver. Darwin fut un très grand esprit, et nous lui devons beaucoup d’idées justes, touchant ce qu’il a vu, mais a-t-il tout vu ? « Nous pourrions suffisamment représenter le genre ordinaire de conclusions de son système, en supposant que si vous attachez une