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ensemble fixés sur voire figure pendant une heure, une fente verticale dans chacun d’eux recevant de vous telle image que la rétine d’un serpent et l’esprit d’un serpent peuvent recevoir d’un homme. Mais quelle sorte d’image reçoit-il à travers le bleu vernis de l’affreuse lentille ?... Pareillement on dit qu’un chat regarde un évêque. Soit. Mais est-ce qu’un chat voit un évêque, quand il le regarde ? Lorsqu’un chat vous caresse, il ne vous regarde jamais. Son cœur semble être dans son dos et dans ses pattes, — non dans ses yeux. » Le faon, le cheval semblent plus sensibles aux différences d’aspects et le chien plus encore, et l’homme enfin plus que tous les êtres ensemble. L’homme regarde et contemple, l’homme jouit et souffre par la vue, il demeure ravi et en extase devant des choses qui n’ont aucune fonction dans sa vie : — devant des reflets, qu’il ne peut saisir, devant des rochers qu’il ne peut ensemencer, devant les couleurs de cet éther où il ne peut atteindre. Pourquoi ?

Et pourquoi, parmi les hommes, les plus grands : les saints dont on lit les histoires sur les banderoles ou dans les gloires des vieux panneaux dorés, aimèrent-ils à retremper leur vue au spectacle des monts, des ailes, des eaux et des fleurs, « toutes les fois qu’ils eurent quelque œuvre à accomplir, ou quelque épreuve à subir qui dépassaient la