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tone qui ne reflète plus rien.... Mais si, dans le moment où ces passants se colorent de ce reflet, on leur demandait : « Que pensez-vous ? Qu’éprouvez-vous ? » ils ne sauraient le dire. Ceux qui ont lu Ruskin le savent, — car ce qu’ils n’ont pas vu dans les cieux, ils l’ont trouvé dans ses diagrammes, ce qu’ils n’ont point deviné dans les pierres, ils le découvrent dans ses antithèses et ce qu’ils eussent oublié d’aimer dans les réalités vivantes et tangibles, ils l’adorent dans ces images qu’un, grand poète pour eux a peintes d’amour.

Plus encore que d’un savant et que d’un sociologue, c’est donc d’un guide que Ruskin emploie le langage. Il en grandit les fonctions jusqu’à l’apostolat et fait de l’auberge où elle s’exerce un temple qui ne devrait pas nous sembler moins sacré, parce que, d’aventure, il serait pourvu d’ascenseurs et d’électricité. On s’émeut bien dans tels châteaux, au souvenir du passage d’un roi, dans tels monastères à la révélation du séjour d’un saint. Car le château était autrefois le signe matériel de la puissance ; le monastère celui du zèle et du dévouement. Tous deux ils se dressaient sur les monts et par les plaines comme les haltes nécessaires de qui voulait connaître le monde dans sa grandeur ou dans sa charité. Aujourd’hui que les rois descendent à l’hôtel et que les saints en voyage ne portent pas