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d’économistes, à Londres, dans un de ces salons d’un gothique sobre et confortable où le goût se satisfait sans détriment des aises. On causait des transformations que le machinisme apporte en toute chose et spécialement dans les tissus, les broderies, qui autrefois étaient des ouvrages d’art, travaillés par des êtres pensants, et d’ailleurs beaucoup plus solides dans ce temps où le linge, comme un patrimoine, se léguait de génération en génération. Aujourd’hui, disait-on, le tissu fait à la machine ne dure pas. « Ainsi ces petites serviettes, dit l’un de nos hôtes, — est-il besoin d’expliquer que ceci se passait autour d’une tasse d’un thé ? — Ah ! pardon, répondit la maîtresse de la maison, vous oubliez que ceci est du Langdale linen ! — Et ma redingote, ajouta le maître de la maison, est du drap de Saint-George’s Guild. » Cela parut péremptoire.

J’appris alors que dans le Westmoreland un ouvroir installé dans un joli cottage s’occupait de filer le lin avec les rouets de nos mères-grands et que des hommes tissaient, avec de vieux métiers, la toile. Cette toile faite à la main coûte