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gestes outrés des gens des rues de Florence, « qui font des lèvres de leurs doigts et espèrent sottement arracher par leurs vociférations ce qu’ils désirent des hommes ou de Dieu... ».

L’auditoire écoutait recueilli, manœuvrant avec la ponctualité d’un peloton prussien pour se porter en face de telle ou telle figure, suivant les indications du mince livre rouge et or. Parfois le ton s’élevait jusqu’à l’invocation. Quelques lointains bruits d’orgue l’accompagnaient en sourdine. Des souffles d’air parfumés de fleurs passaient comme un encens. Les points d’or des mimosas, touchés par des rais de soleil, brillaient dans les mains comme des cierges. Je remarquai que ces voyageuses se tenaient sur la pierre sépulcrale des ambassadeurs espagnols qui ont donné leur nom à cette chapelle. Ce qu’elles lisaient semblait aussi une gerbe de fleurs jaillie d’un passé mort. Quels étaient donc ce livre, cet office inconnu, le prêtre de cette religion de la Beauté ? le sacristain, revenu par là, me jeta ce nom : Ruskin !

Une autre année, je me reposais d’un congrès