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verbiage pédant et superficiel. Et si, pour expliquer la popularité des livres ruskiniens et leur charme auprès des femmes mêmes et des enfants, on ajoute qu’à la vérité ils ne traitent point tous de questions d’art, mais parfois aussi des plus émouvants problèmes de l’économie politique, le phénomène devient miracle, et l’explication passe en étrangeté le fait.

Pour en trouver une meilleure, écoutons ses paroles. Écoutons-les non pas encore avec l’intention d’y découvrir une pensée directrice qui y circule et les coordonne, mais d’abord, sans système, au hasard, afin de guetter selon quels procédés neufs, sous quelles formes multiples, par quels détours inaperçus, Ruskin a fait courir à cette pensée esthétique, à cette religion de la beauté, le peuple le moins artiste de la terre. Écoutons-les toutes, sans distinction : paroles de la vingtième année et paroles de la soixante-seizième année, paroles destinées à prouver, paroles destinées à dépeindre, paroles destinées à émouvoir, paroles de l’écrivain, paroles du conférencier et paroles du guide, c’est-à-dire paroles qui viennent vous trouver au coin du feu d’hiver, alternant avec les crépitements des