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sions et nos facultés à la poursuite d’un peu moins que cela, tandis que durant ce temps, il y a une société qui nous est continuellement ouverte, de gens qui nous parleraient aussi longtemps que nous le souhaiterions, quels que soient notre rang et notre métier ; nous parleraient dans les termes les meilleurs qu’ils puissent choisir, et des choses les plus proches de leur cœur. Et cette société, parce qu’ elle est si nombreuse et si douce et que nous pouvons la faire attendre près de nous toute une journée (rois et hommes d’État attendant patiemment non pour accorder une audience, mais pour l’obtenir) dans ees antichambres étroites et simplement meublées, les rayons de nos bibliothèques, nous ne tenons aucun compte d’elle ; peut-être dans toute la journée n’écoutons-nous jamais un seul mot de ce qu’elle aurait à nous dire !

7. Vous me direz peut-être, ou vous penserez à part vous, que l’apathie avec laquelle nous regardons cette société des nobles qui nous prient de les écouter et la passion avec laquelle nous poursuivons la compagnie des ignobles, probablement, qui nous méprisent ou qui n’ont rien à nous enseigner, sont fondées sur ceci — que nous pouvons voir les visages des hommes vivants et que c’est d’eux, et non de leurs dires, que nous recherchons l’intimité. Mais il n’en est pas ainsi. Supposez que vous ne deviez jamais voir leurs visages, — supposez que vous soyez placé derrière un paravent dans le cabinet de l’homme d’État ou dans la chambre du Prince, ne seriez-vous pas content d’écouter leurs paroles, bien qu’il vous fût défendu