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propre beauté humaine, tant que les lieux charmants que Dieu fit à la fois pour être leurs salles d’études et leurs cours de récréation resteront désolés et souillés. Vous ne pourrez pas les baptiser efficacement dans vos fonts baptismaux profonds d’un pouce, si vous ne les baptisez aussi dans les douces eaux que le grand Législateur[1] a fait jaillir à jamais des rochers de votre pays natal, ces eaux qu’un païen eût adorées pour leur pureté, et que vous n’adorez que quand vous les avez polluées. Vous ne pouvez pas conduire vos enfants aux pieds de vos étroits autels taillés à la hache dans vos églises, tandis que les autels de sombre azur qui s’élèvent jusque dans le ciel, ces montagnes où un païen aurait vu les pouvoirs du ciel reposer sur chaque nuage qui les couronne, restent pour vous sans dédicace, autels élevés non à, mais par un Dieu inconnu[2].

86. Voilà donc ce qui est de la nature, ce qui est de l’enseignement de la femme, voila pour ses fonctions domestiques et pour son caractère de reine. Nous arrivons maintenant à notre dernière et plus importante question. En quoi consiste son rôle de reine à l’égard de l’État ? Généralement nous vivons sous cette impression que les devoirs de l’homme sont publics et ceux de la femme privés. Mais il n’en est pas tout à fait ainsi. Tout homme a à remplir une tâche — ou une obligation — personnelle, qui concerne son propre home, et une tâche ou obligation, publique, qui n’est que l’expansion

  1. Exode, xxvii, 6. (Note du traducteur.)
  2. Actes, xvii, 23. (Note du traducteur.)