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train de faire de toute l’Angleterre. Le pays entier n’est qu’un petit jardin, pas plus grand qu’il ne faut pour que vos enfants courent sur ses pelouses, si vous voulez les laisser tous y courir. Et ce petit jardin vous en ferez un haut fourneau, et le remplirez de monceaux de cendres, si vous pouvez, et ce seront vos enfants, non pas vous, qui souffriront de cela. Car toutes les fées ne seront point bannies ; il y a des fées de la fournaise aussi bien que des fées des bois, et leurs premiers présents semblent être « les flèches aiguës des puissants », mais leurs derniers présents sont « des charbons de genièvre[1] ».

84. Et cependant je ne puis pas — bien qu’il n’y ait aucune partie de mon sujet que je sente plus profondément — imprimer ceci en vous ; car nous faisons si peu usage du pouvoir de la nature pendant que nous l’avons que nous sentirons à peine ce que nous aurons perdu. Tenez, sur l’autre rive de la Mersey, vous avez votre Snowdon, et votre Menai Straits, et ce puissant roc de granit derrière les landes d’Anglesey, splendide avec sa crête couronnée de bruyères, et son pied planté dans la mer profonde, jadis considéré comme sacré — divin promontoire, regardant l’Occident ; le Holy Head ou Head land, capable encore de nous inspirer une crainte religieuse quand ses phares dardent les premiers leurs feux rouges à travers la tempête. Voilà les montagnes, voilà les baies et les îles bleues qui, chez les Grecs, eussent été toujours chéries, toujours puissantes dans leur

  1. Psaume cxx. (Note du traducteur.)