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au milieu de l’impuissance, de l’aveuglement et de la soif de vengeance des hommes, comme un doux ange, apportant le courage et le salut par sa présence et déjouant les pires ruses du crime par ce qu’on s’imagine le plus manquer aux femmes, la précision et l’exactitude de pensée.

58. Observez, ensuite, que, parmi toutes les principales figures des pièces de Shakespeare, il n’y a qu’une femme faible — Ophélie ; et c’est parce qu’elle manque à Hamlet au moment critique et n’est pas, et ne peut pas être, par sa nature, un guide pour lui quand il en a besoin, que survient l’amère catastrophe. Enfin, bien qu’il y ait trois types méchants parmi les principales figures de femmes — Lady Macbeth, Regan et Goneril — nous sentons tout de suite qu’elles sont de terribles exceptions aux lois ordinaires de la vie ; et, là encore, néfastes dans leur influence en proportion même de ce qu’elles ont abandonné du pouvoir d’action bienfaisante de la femme. Tel est, à grands traits, le témoignage de Shakespeare sur la place et le caractère des femmes dans la vie humaine. Il les représente comme des conseillères infailliblement fidèles et sages — comme des exemples incorruptiblement justes et purs — toujours puissants pour sanctifier, même quand elles ne peuvent pas sauver.

59. Non pas qu’il lui soit, en aucune manière, comparable dans la connaissance de la nature de l’homme, — encore moins dans l’intelligence des causes et du cours de la destinée, — mais seulement parce qu’il est l’écrivain qui nous a ouvert le plus, large aperçu sur les conditions et la mentalité