plaine est, aux environs de Venise, recouverte, à marée haute, par un pied ou un pied et demi d'eau. Elle reparaît presque partout à marée basse et se montre enchevêtrée dans un réseau d'étroits petits canaux d'où la mer ne se retire jamais. A certaines places, poussées par les courants, se sont formées de petites îles marécageuses consolidées soit par le temps, soit par le travail de l'homme, et dont le terrain devint assez solide pour qu'on pût le construire ou le cultiver : d'autres, au contraire, n'ont pu s'élever au-dessus du niveau de la mer et montrent, lorsqu'elles sont à découvert, des petits lacs sans profondeur, qui brillent parmi d'irréguliers champs d'algues et de varechs. C'est au milieu du groupe d'îles le plus considérable, dont l'importance était accrue par la réunion de plusieurs grands cours de rivières se dirigeant vers la mer, que fût bâtie la ville de Venise. Les fragments de terrain plus élevé qui existent aux deux extrémités de cet archipel ont aussi, à différentes époques, été habités et montrent encore des restes de ville, de villages, de couvents ou d'une église isolée, épars sur de vastes espaces dont quelques-uns sont cultivés pour les besoins de la métropole.
La marée, variable suivant les saisons, s'élève à une moyenne de trois pieds : elle produit, dans les canaux, un reflux qui les agite souvent et les fait courir comme l'eau sortant d'un moulin. A marée haute, au sud et au nord de Venise, aucun morceau de terre n'est visible, à l'exception de quelques petites îles couronnées de tours où on distingue parfois un village. Un canal large de trois milles, conduit de la cité au continent ; il est large de trois milles et demi entre Venise et la jetée sablonneuse qu'on appelle le Lido, jetée qui sépare la lagune de l'Adriatique, mais qui est trop peu élevée pour troubler l'im-