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devien- universelle, qu'elle nous rendrait capables de rejeter toute œuvre folle ou grossière et d'accueillir toute œuvre noble et sage, sans acception de style ou de nationalité : qu'elle apporterait sa sanction aux œuvres des pays et des siècles véritablement grands — gothiques, grecs ou arabes ; — qu'elle repousserait celle des nations et des peuples dénués de raison — Chinois, Mexicains ou Européens modernes — et qu'elle serait applicable à toutes les inventions architecturales sorties du cerveau humain.

Je me suis donc mis à l'œuvre pour formuler cette loi, convaincu qu'en employant son simple bon sens, l'homme peut sûrement distinguer le bon du mauvais et que c'est parce qu'il ne se donne pas la peine de se servir de ses facultés de discernement que le monde est encombré de tant d'œuvres vulgaires et fausses.

Je trouvai la tâche plus simple que je ne le croyais ; il suffit pour classer les choses, de les bien regarder en face : les mauvaises alors s'évanouissent d'elles-mêmes. J'ai cependant jugé qu'il était mieux, quoique moins rapide, de demander au lecteur patient de rédiger avec moi, en ce qui concerne l'architecture vénitienne, ce code du bien ou du mal au moyen duquel nous passerons une revue rétrospective.

J'ai tâché de fixer la base sur laquelle j'appuierai cet examen critique assez clairement pour la faire comprendre de ceux qui n'ont jamais réfléchi aux choses de l'architecture : ceux qui savent déjà seront indulgents pour cette simplification indispensable, car, de ce qui paraît d'abord un truisme vulgaire peuvent découler parfois des conséquences importantes, complètement imprévues. J'invite donc le lecteur à ce loyal débat, certain que, même si je ne réussis pas à lui inspirer, comme je le désire, pleine confiance dans son propre jugement, il