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APPENDICE

INDEX VENITIEN


(1881). Malgré les innombrables changements survenus dans tout ce que j’ai décrit, j’ai essayé de rendre cet Index, tardivement publié, aussi utile que possible au voyageur, en lui indiquant seulement les objets qui sont dignes d’être étudiés par lui. L’intérêt d’un voyageur dont la vigueur est stimulée par la fraîcheur de chaque impression, tandis qu’une longue familiarité l’éteint forcément, est une chose trop précieuse pour la laisser inconsidérément se perdre. Comme il est impossible, dans un délai fixé, de comprendre au delà d’une certaine quantité d’art, l’attention accordée, dans une ville comme Venise, à des œuvres de deuxième ordre, est non seulement perdue, mais encore nuisible, en faisant oublier à la mémoire, par la confusion, ce dont il est un devoir de jouir et un malheur de ne pas se souvenir. Que le lecteur ne redoute pas d’omission, j’ai consciencieusement indiqué toute chose caractéristique, même dans les styles que je n’aime pas ; s’il veut bien se fier à moi et qu’il soit amateur de peinture, je lui recommanderai de fixer son attention sur les œuvres du Tintoret, de Paul Veronese et de Giov. Bellini : ne pas négliger le Titien, mais se souvenir qu’il peut être étudié dans presque toutes les galeries européennes, tandis que Tintoret et Bellini ne peuvent être jugés qu’à Venise seulement et que Veronese, bien que glorieusement représenté par les deux grands tableaux du Louvre et d’autres encore répandus en Europe, ne peut être pleinement connu que lorsqu’on l’a vu se jouer dans les fantastiques caissons des plafonds vénitiens.

J’ai rédigé d’assez longues notices sur les peintures du Tintoret parce qu’elles ont beaucoup souffert, qu’elles sont difficiles à déchiffrer et complètement négligées par les autres critiques d’art. Je ne peux pas assez exprimer mon étonnement et mon indignation