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et de la parure des fiancées, et je crois que la cérémonie était, à l’origine, plus simple et plus intime qu'on ne l’a dépeinte. La seule phrase qui apporte quelque soutien à ce récit est de Sansovino : il dit que les robes magnifiques des fiancées étaient faites d’après un « ancien modèle ». Quelles qu’aient été les robes, la cérémonie était très simple: les fiancées arrivaient les premières à l’église, apportant leur dot dans une « petite cassette » ou dans une boîte; là, elles attendaient l’arrivée des jeunes gens, auprès desquels elles écoutaient la messe ; l’évêque les prêchait et les bénissait, après quoi, chaque fiancé emmenait chez lui sa fiancée et sa dot.


Il semble que l’alarme causée par l’attaque des pirates mit fin à cette coutume de fixer un seul jour pour le mariage, mais le but principal de l’institution persista dans la grande publicité donnée aux unions des familles nobles : tout le corps de la noblesse assistait au mariage dont on se réjouissait « comme d’un bonheur personnel ; puisque, d’après la constitution, ils étaient pour toujours, incorporés ensemble, comme les membres d’une même famille[1] ». Mais la fête du 2 février ne célébra plus, après 943, que le souvenir de la délivrance des fiancées et ce jour-là ne fut plus réservé aux mariages.


Sansovino dit que le succès de la poursuite des pirates fut dû à l’aide fort intelligente qu’apportèrent les hommes du district de Santa Maria Formosa, layetiers pour la plupart; et que, lorsqu’après la victoire, ils furent présentés au Doge et au Sénat, et qu’on leur demanda quelle faveur ils désiraient comme récompense, « ces braves gens dirent qu’ils désiraient que, chaque année, le Doge,

  1. Sansovino