parlé comme étant les débuts de la Renaissance, rejetait fragment par fragment, la décoration picturale. Elle la remplaça d’abord par des marbres; puis l’architecte, dans son arrogance et sa froideur croissantes, en arriva à trouver le marbre trop brillant pour sa dignité et le rejeta à son tour, morceau par morceau. Et quand le dernier cercle de porphyre eut disparu de la façade, on put voir élevés l’un contre l'autre, deux palais dont l’un montrait un art consommé de construction, sans le moindre vestige de couleur, tandis que l’autre, sans aucun intérêt architectural, était couvert, du haut en bas, par des peintures de Veronese[1].
C’est à cette époque qu’on doit dire adieu à la couleur et laisser les peintres à leur champ de travail particulier, en regrettant qu’ils aient gaspillé leurs plus belles œuvres sur des murs, d’où en deux siècles, — si ce n'est avant — la plus grande partie de leur travail devait être effacée. D’autre part, l’architecture, dont nous avions constaté le déclin, était entrée dans une nouvelle voie ; celle de la véritable Renaissance que nous examinerons dans le prochain chapitre.
Mais, avant de quitter les derniers palais. sur lesquels s’étendait encore l’influence byzantine, il reste à tirer d’eux une dernière leçon. Quoique, en grande partie, d’un style moins élevé, leur exécution est le produit d’un art consommé ; il n’y a en eux ni imperfection, ni manque d’honneur; ils ont une véritable valeur comme modèle de bâtisse et sont dignes d’être étudiés par leur excellente
- ↑ Je viens, de nouveau, de m’administrer une petite tape d’encouragement, en me disant : « Bon chien! » Pour vérifier l’exactitude de mon récit, le lecteur se rendra à l’église San Sebastian : il y verra les derniers morceaux de porphyre disparaissant de la façade et le plafond couvert de peintures qui furent jadis de Veronese, mais qui sont aujourd'hui l’œuvre des élèves de l'Académie vénitienne.