avec une décision vigoureuse et cependant si subtile que l’œil ne découvre la transition qu’après l’avoir cherchée. Le secret de la grandeur des plus nobles œuvres tient pour beaucoup à ce qu’elles ont su rendre cet effet avec délicatesse dans les degrés et largeur dans la masse. En couleur, il faut le rendre très résolument et, plus le travail devient simple, plus il lui faut montrer de franchise. Dans les arts purement décoratifs : enluminures, peintures sur verre et peintures héraldiques, nous le trouvons encore, mais réduit à une exactitude algébrique.
Les plus illustres maîtres dans ce grand art sont : Tintoret, Veronese et Turner.
A côté de ce grand principe en apparaît un autre, très précieux pour le plaisir des yeux, bien qu’ayant une moins profonde valeur. Aussitôt qu’on employa la couleur sur de vastes espaces opposés, on s’aperçut que sa masse lui enlevait de l’éclat et on la tempéra en la nuançant d’une parcelle de blanc pur.
Dans ce mélange heureux, nous discernons les deux principes de la Tempérance et de la Pureté; l’une demandant à la plénitude de la couleur de se soumettre, et l’autre réclamant que cette soumission n’enlevât rien de leur pureté ni à la couleur primitive, ni à celle qui lui est associée.
De là vint, dans l’art ornemental primitif, l’universel et admirable système des fonds diaprés ou marquetés. Complètement développés au XIIIe siècle, ils durent, au XVIe, céder peu à peu la place aux autres fonds de peinture, à mesure que les inventeurs oublièrent le but de leur œuvre et le prix de la couleur. La décoration chromatique des palais gothiques vénitiens avait été naturellement fondée sur les deux grands principes qui prévalurent tant que le véritable esprit chevaleresque et