Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est prosternée aux pieds de Raphaël. Il porte à la main un rouleau où se lit cette inscription


EFFICE Q
SOFRE
TUMRAFA
EL REVE
RENDE
QUIETO.


c’est-à-dire : Effice quæso ? fretum, Raphael reverende, quietum[1].

Je n’ai pas pu déchiffrer l’inscription du rouleau tenu par l’archange Michel ; quant à Gabriel qui est le plus beau morceau de l’œuvre de la Renaissance au Palais Ducal, il ne porte dans sa main que le lis de l’Annonciation.

Tels sont les sujets des trois angles, remarquables par l’expression très claire de deux sentiments : la connaissance de la fragilité de l’homme et son besoin de la protection et de la direction divines. Il nous reste à examiner le rôle de la divinité et de l’histoire naturelle introduites par les vieux sculpteurs dans les grands étages de chapiteaux qui soutiennent l’arcade inférieure du Palais et qui, n’étant placés qu’à une hauteur d’environ huit pieds au-dessus de l’œil, pouvaient être lus, comme les pages d’un livre par les plus nobles habitants de Venise qui se rencontraient, chaque matin, à l’ombre de cette grande arcade.

  1. « Ô vénérable Raphaël, rends le golfe calme, nous t’implorons ». D’après la tradition, l’office particulier de Raphaël était de calmer l'influence malfaisante des mauvais esprits. Sir Charles Eustable m’a dit qu’on le représente quelquefois tenant à la main le foie du poisson pris par Tobie ; il me rappela la superstition des Vénitiens qui attribuent les orages à l’influence des démons, comme le prouve la légende bien connue du pêcheur et de l’anneau de Saint-Marc.