Venise. Il nomma des agents chargés de surveiller l’exhaussement des bancs de sable pour assurer les fondations, et de jeter des ponts de bois sur les canaux. Pour les besoins religieux, il bâtit l’église Saint-Marc et, sur l’emplacement du Palais Ducal actuel, il éleva un Palais pour l'administration du gouvernement.
L’histoire du Palais Ducal commença donc dès la naissance de Venise : à ce qu'il en reste aujourd’hui est confié le dernier témoignage de sa gloire.
On sait fort peu de chose sur la situation exacte et sur la forme du Palais de Participazio. Sansovino le place près du pont de la Paille et sur le grand canal[1], tourné vers Saint-Georges, c'est-à-dire à la place qu’occupe aujourd'hui la façade de la Mer ; mais il rapporte simplement la croyance populaire de son temps. Nous savons actuellement que le Palais s’élevait à peu près sur son emplacement présent avec une importante façade sur la Piazetta à laquelle, nous le verrons plus tard, le palais actuel fut incorporé. Nous voyons aussi, dans le récit de Sagornino que, lors de la visite de l’empereur Othon au doge Pietro Orseolo II. ce monument déployait une certaine magnificence. Le chroniqueur dit que l’empereur examina avec soin la beauté du Palais, et les historiens vénitiens se montrèrent fiers de ce que la construction fût digne de l’examen d'un empereur. Le Palais venait d'être réparé après avoir beaucoup souffert d’un incendie, pendant la révolte de Candiano IV[2]. Il avait été richement orné
- ↑ Ce que j’appelle la mer était alors appelé le grand canal par les Vénitiens, tout comme la grande artère de la ville ; mais je préfère dire « la Mer » pour désigner l’étendue d'eau qui baigne le Palais Ducal et qui n’est interrompue, dans son cours de quelques milles jusqu’au Liodo, que par l’ile Saint-Georges : le profond canal, qui continuait le grand canal devant le Palais Ducal était appelé de même par les Vénitiens ; on le constate dans Sansovino.
- ↑ II y a dans Monaci (p. 68) un intéressant récit de cette révolte. Quelques historiens disent que le Palais fut entièrement détruit, mais, d’après Sansosvino il ne semble pas avoir subi d’importantes réparations : on les attribue généralement à Pietro Orseolo I, mais la légende placée sous le portrait de ce Doge ne parle que de la décoration de Saint-Marc « qui produisit plusieurs miracles ». Orselo I semble s’être absorbé dans les questions ecclésiastiques, il prouva sa ferveur de façon à surprendre son État en suivant un prêtre français à l’abbaye de Saint-Michel où il se fit moine. Il laissa les réparations du Palais Ducal à son fils, Orseolo II.