Le plafond de la nouvelle salle devait être décoré de peintures par les meilleurs maîtres vénitiens; il était donc aussi nécessaire de rapprocher les fenêtres d’un toit si glorieux que de donner à la Chambre du Conseil une lumière sereine ; pour cela il valait mieux la faire pénétrer en larges ondes qu’en petits torrents interrompus. Un architecte moderne, terrifié à l’idée de violer la symétrie extérieure, aurait sacrifié, du même coup, les peintures et le bien-être du Conseil. Il aurait placé ses larges fenêtres au niveau des deux autres et aurait ouvert, au-dessus d'elles, de plus petites fenêtres semblables à celles du dernier étage du vieux bâtiment, comme si cet étage supérieur eût été continué tout le long de la façade. Mais le vieux Vénitien, avant de pensera sa propre réputation, songea à mettre les belles peintures en valeur et le Sénat à l’aise; sans hésiter, il ouvrit les fenêtres à la hauteur exigée par les proportions de la salle, et il laissa à l’extérieur du monument le soin de prendre sa défense. Et je crois que l’ensemble gagna à cette irrégularité dans les espaces de murs s’étendant au-dessus et au-dessous des fenêtres.
Sur la partie du mur qui fait face à l’extrémité Est, entre la seconde et la troisième fenêtre de la salle du Grand Conseil est peint « le Paradis » du Tintoret, nous appellerons ce mur « le mur du Paradis ».
Presque au milieu de la façade, entre la première et la seconde fenêtre de la salle du Grand Conseil, est une grande fenêtre ouvrant sur un balcon qui est un des principaux ornements du Palais, nous l’appellerons « le Balcon de la Mer ».
La façade qui regarde la Piazetta est presque semblable à celle de la Mer, mais elle a été dans sa plus grande partie, bâtie au XVe siècle, alors que les gens