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quand il aura admis la nécessité de construire en briques le corps et la force indispensables à l’édifice pour les recouvrir ensuite de marbres brillants — comme le corps d’un animal est protégé par des écailles ou du cuir — il n’aura plus aucune difficulté à admettre les règles et les lois de cette construction. Examinons-les dans leur ordre naturel.

Loi I. — Les plinthes et les corniches servant à envelopper l’armature doivent être légères et délicates.

Une certaine épaisseur de deux à trois pouces est imposée aux plaques qui doivent servir de revêtement, (même lorsqu’elles sont en pierre et placées aux endroits les moins exposés) afin de les mettre à l’abri de l’usure et des injures du temps. Ces plaques ne peuvent pas être confiées au ciment ; il ne suffit pas qu’elles soient simplement collées sur les briques, il faut qu’elles soient unies à la masse qu’elles protègent par des bandes de corniches, cordons courants qui, avec l’appui des clous rivés, permettent aux deux épaisseurs de s’aider mutuellement, tout en restant indépendantes. Pour l’honnêteté et la droiture absolue de l’œuvre, il est nécessaire que ces bandes courantes ne soient pas douées de proportions qui puissent les faire prendre pour les grandes corniches et les plinthes, membres essentiels de toute construction : ce qui leur ferait jouer, en apparence, un rôle important dans l’œuvre intérieure. Elles doivent donc être délicates, légères et visiblement incapables de remplir un emploi plus important que celui qui leur est assigné.

Loi II. — La science de la construction intérieure doit être abandonnée.

Le corps de la construction étant fait avec des matériaux inférieurs et mal assortis, il est absurde d’y