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notre âme humaine ait jamais formulée lorsqu’« écrivant sous la paix sans nuages des neiges de Chamonix », en septembre 1888, ce que M. de la Sizeranne appelle « son testament intellectuel », il se sent « d’un cœur plus joyeux et plus calme, capable de raffermir sa plus simple assurance de foi — c’est-à-dire que la connaissance de ce qui est beau est le vrai chemin et le premier échelon vers la connaissance des choses qui sont bonnes et d’un bon rapport, et que les lois, la vie et la joie de la Beauté, dans le monde matériel de Dieu, sont des parts aussi éternelles et aussi sacrées de sa création que dans le monde des esprits, la vertu, et, dans le monde des anges, l’adoration[1] ».


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Il peut paraître étrange, à première vue, de faire précéder ce modeste guide par des considérations aussi abstraites. Ruskin donne pour sous-titre aux Matins à Florence : « Simples Études d’Art Chrétien à l’usage des voyageurs anglais. » Voici comme il explique lui-même, dans les quelques lignes placées en tête de la première édition (1875), les raisons pour lesquelles il rédigea ces notes : « Il me semble que mon professorat d’Oxford ne m’impose pas seulement le devoir de donner des leçons à Oxford, mais aussi celui d’orienter, autant qu’il m’est possible, les voyageurs en Italie[2]. Supposez les lettres suivantes destinées à quelques-uns de mes amis qui m’auraient demandé ce qui leur serait préférable d’étudier, dans un temps limité. J’espère qu’elles pourront être utiles à ceux qui les liront

  1. Cité dans la Religion de la Beauté, p. 211. (Épilogue des Modern Painters, t. V, p. 390.)
    Cf. dans la Couronne d’olivier sauvage : « Le goût n’est pas seulement une partie et un trait caractéristique de la morale — c’est la seule morale » (p. 32).
  2. Ruskin fut nomme à Oxford « professeur des beaux-arts » en 1869. Il fonda dans cette Université, en 1872, une école de dessin et une collection d’œuvres originales et de copies d’après les grands maîtres. Il se voua à son enseignement durant treize ans ; ce guide est une nouvelle preuve de l’activité qu’il déploya à cette occasion.