Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/70

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par qui périra le péché. Relève la majesté de ton front désolé, ô tout aimée ! et regarde face à face l’avenir et toutes les obscurités de ce monde. Relève-toi. Que la femme en toi prenne sa hauteur de femme ; sois grande pour faire le bien et supporter le mal, pour consoler du mal et apporter le bien, pour fondre tout ce bien et ce mal dans la patience d’une espérance constante. Redresse-toi et rehausse-toi avec tes filles.

Si le péché est venu par toi et par le péché la mort, la justice rédemptrice, la vie céleste et la quiétude compensatrice viendront aussi par toi. Si tu as ouvert le monde à la souffrance, tu iras par le monde comme l’ange consolateur des souffrances issues de toi, et tu te feras accepter à la place des autres anges dont ta faute a éloigné les pas rayonnants des collines de la terre. Sois satisfaite. Dans toute ta destinée de femme, tu auras à supporter des douleurs particulières répondant à ton péché.

Tu auras des douleurs à payer pour chaque être qui naitra ; des fatigues pour prendre soin de chaque vie naissante ; souvent de la froideur à endurer de la part de ceux que tu auras entourés de tes soins ; souvent la défiance de ceux à qui tu te seras dévouée ; la trahison de ceux que tu auras trop loyalement aimés ; de la faiblesse dans ton propre cœur ; au dehors, de la cruauté et le poids d’une tyrannie étrangère avec des muscles plus forts et des os plus solides pour droit héréditaire.

Mais, va, ton amour se chantera à lui-même ses propres béatitudes après sa tâche accomplie. Le baiser d’un