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jailli de la terre avec la profonde couleur du ciel sur lui, s’élance avec l’essor d’un clocher béni, et dont la pureté, lavée de la poussière, s’épanouit, bouton après bouton, en une fleur de promesse ? Elles se tournent vers vous et pour vous ; « le pied d’alouette écoute — J’entends, j’entends, et le lis soupire — J’attends[1]. »

95. Avez-vous remarqué que j’ai passé deux vers en vous lisant cette première strophe ; et avez-vous pensé que je les avais oubliés ?

Écoutez-les maintenant :

« Viens dans le jardin, Maud,
Car la noire chauve-souris s’est enfuie,
Viens dans le jardin Maud,
Je suis ici seul sur la porte[2]. »

Qui donc, pensez-vous, se tient sur la porte de ce doux jardin, seul et vous attendant ? N’avez-vous jamais entendu parler, non d’une Maud, mais d’une Madeleine qui descendit dans son jardin à l’aube et trouva quelqu’un qui l’attendait sur la porte — quelqu’un qu’elle supposa être le jardinier ? Ne l’avez-vous jamais cherché Lui, souvent ; — cherché en vain, toute la longue nuit ; cherché en vain, à la porte de ce vieux jardin où est plantée l’épée de feu. Là Il n’est jamais. — Mais sur la porte de cet autre jardin, Il est toujours, vous attendant — vous attendant pour prendre votre main — prêt à descendre pour regarder les fruits de la

  1. Tennyson (Maud).
  2. Tennyson (Maud.)