« viens, vent du sud, et souffle sur mon jardin que les parfums s’en exhalent[1]. » — Ne penseriez-vous pas que ce serait là une chose grande ? — Et n’estimerez-vous pas chose plus grande encore, que tout ceci (et combien plus que tout ceci !) vous ayez le pouvoir de le faire pour de plus belles fleurs encore — pour des fleurs qui pourraient vous bénir de les avoir bénies, qui vous aimeraient de les avoir aimées ; fleurs qui ont des pensées comme les vôtres, une vie semblable à la vôtre, et qui sauvées une fois seraient sauvées à jamais ? Est-ce là un chétif pouvoir ? Très loin, parmi les landes et les rochers, très loin dans l’obscurité des rues terribles gisent ces faibles fleurettes, leurs feuilles fraîches déchirées et leurs tiges brisées ; ne descendrez-vous jamais vers elles pour les arranger dans leurs petites corbeilles odorantes, pour les abriter, elles qui tremblent, contre le vent violent ? Les matins succèderont-ils aux matins pour vous, et non pour elles ; et l’aube se lèvera-t-elle pour apercevoir, au loin, ces frénétiques danses de la Mort[2] ; mais ne se lèvera-t-elle pas pour souf-
- ↑ Cantique des Cantiques, IV, 6.
- ↑ Allusion à un article du « Morning Post » du 10 mars 1865, découpé et conservé par l’auteur, et transcrit dans une des notes de la première conférence (Des trésors des Rois), que nous reproduisons. — Les salons de Mme C…, qui faisait les honneurs avec une grâce et une élégance savamment imitées, étaient remplis de princes, de ducs, de marquis et de comtes — en fait, de la même société mâle que l’on rencontre aux soirées de la princesse Metternich et de Mme Drouyn de Lhuys. Quelques pairs anglais et quelques membres du Parlement étaient présents et semblaient jouir vivement de cette scene joyeuse et insolemment inconvenante. Au second étage les tables du souper étaient chargées de tous les mets délicats de la saison. Afin que vos lecteurs puissent se faire quelque idée de la fine chère du demi-monde parisien, je copie le menu du souper qui fut servi vers quatre heures du matin à tous les convives (au nombre de 200 environ) : Château Yquem supérieur, Johannisberg, Laffite, Tokay, Champagne des crûs les plus nobles furent prodigués tout le matin. — Après le souper les danses furent reprises avec une recrudescence d’animation, et le bal se termina par une chaine diabolique et un cancan d’enfer à sept heures. (Avant que les fraîches prairies apparaissent aux yeux entr’ouverts du matin). — (Service du matin). — Void le menu : Consommé de volaille à la Bagration. — Seize hors-d’œuvre variés. — Bouchées à la Talleyrand. — Saumons froids, sauce ravigote. — Filets de bœuf en Bellevue, timbales milanaises, chaufroid de gibier. — Dindes truffées, pâtés de foie gras, buissons d’écrevisses, salades vénitiennes. — Gelées blanches aux fruits, gâteaux Mancini, parisiens et parisiennes. — Fromages glacés. Ananas. Dessert.