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les hommes, au mépris de ce pouvoir que vous tenez directement du Prince de toute Paix, et que les mauvaises parmi vous trahissent, tandis que les bonnes l’oublient.

91. « Prince de la Paix. » Notez ce nom. Lorsque les rois, les nobles et les juges de cette terre gouvernent en son nom, eux aussi, dans leur domaine étroit et suivant leur mesure mortelle, reçoivent son pouvoir. Il n’est point d’autres monarques qu’eux. Toute autre monarchie que la leur est anarchie. Ceux qui gouvernent véritablement « Dei Gratia » sont tous princes ou princesses de la paix. Il n’est pas une guerre dans le monde, non, pas une injustice, dont vous, femmes, ne soyez responsables ; non pour les avoir provoquées, mais pour ne les avoir point empêchées. Les hommes, par leur nature, sont enclins à combattre ; ils combattront pour toute cause ou sans cause. C’est à vous de choisir pour eux la cause, et de leur défendre le combat, lorsqu’il n’y a point de cause. Il n’est point de souffrances, d’injustices ou de misères sur terre, dont la culpabilité ne vous soit imputable. Les hommes peuvent supporter la vue de ces choses ; mais vous ne devriez pas être capables de la supporter. Les hommes peuvent les fouler aux pieds sans sympathie dans la bataille, leur seule affaire ; mais les hommes sont faibles en sympathie et pauvres en espérance. Vous seules pouvez sentir la profondeur de la peine et concevoir les moyens de la guérir. Au lieu de vous efforcer à cette tâche, vous vous en détournez ; vous vous enfermez derrière les