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faites pour devenir des meubles d’ornement, et ensuite vous vous plaignez de leur frivolité ; donnez-leur les mêmes avantages que vous donnez à leurs frères ; faites appel chez elles aux mêmes grands sentiments de vertu ; enseignez-leur à elles aussi que le courage et la vérité sont les piliers de leur être — pensez-vous qu’elles ne répondront pas à cet appel, courageuses et vraies comme elles sont aujourd’hui, où vous savez qu’il n’est guère d’écoles de filles, dans ce royaume très chrétien, où le courage et la sincérité des enfants ne soient estimés deux fois moins importants que leur manière de faire leur entrée dans une chambre, — où tout le système de la société concernant le mode de leur établissement dans la vie n’est qu’une peste infectieuse de lâcheté et d’imposture, — de lâcheté, en ne point osant les laisser vivre et aimer autrement qu’au gré de leurs voisins, — d’imposture, en faisant briller aux yeux de vos filles tout l’éclat des vanités de ce monde, au moment précis où le bonheur de toute leur vie dépend de leur fermeté à n’être pas éblouies.

81. Enfin donnez-leur non seulement de nobles enseignements, mais de nobles maîtres. Vous considérez quelque peu, avant d’envoyer votre fils au collège, quel sera son professeur ; puis, quel qu’il soit, vous lui donnez au moins pleine autorité sur votre fils et lui témoignez vous-même certains égards ; — s’il vient dîner chez vous, vous ne le placez pas à une petite table. — Vous savez aussi qu’au collège le maître immédiat de votre enfant sera sous la direction d’un