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Laissez-la libre, dis-je, dans la bibliothèque, ainsi qu’un faon dans la campagne. Il connaît les mauvaises herbes mille fois mieux que vous, et les bonnes aussi ; et il broutera quelques herbes amères et piquantes, bonnes pour lui, alors que vous n’auriez rien soupçonné de tel.

79. Puis, pour l’art, mettez devant elle les plus beaux modèles ; que les arts qu’elle apprendra, elle les sache exactement et à fond, de manière à comprendre mieux qu’elle n’exécutera. Les plus beaux modèles, ai-je dit, c’est-à-dire les plus vrais, les plus simples et les plus utiles. Notez bien ces trois épithètes, elles conviennent à tous les arts. Appliquez-les à la musique ou vous les pensez le moins applicables sans doute. Les plus vrais — c’est-à-dire ceux dans lesquels les notes rendent avec le plus de précision et de fidélité le sens des paroles et le caractère de l’émotion cherchée ; les plus simples encore, c’est-à-dire ceux dans lesquels le sens et la mélodie sont exprimés avec un aussi petit nombre de notes, aussi significatives que possible ; finalement les plus utiles, ceux où la musique qui ajoute le suprême du beau aux meilleures paroles les grave chantées dans nos mémoires, chacune avec son glorieux son, et les fixe le plus près du cœur, pour le moment où nous en aurons besoin.

80. Mais non seulement dans les matières et le développement, mais plus essentiellement dans l’esprit, que l’éducation de la fille soit la même que celle des garçons. Vous élevez vos filles comme si elles étaient