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un agneau ; et finalement l’attente de la résurrection rendue claire à l’âme des Grecs par le retour de sa tombe de cette Alceste qui, pour sauver son mari, affronta, tranquille, l’amertume de la mort.

62. Mais je pourrais là-dessus multiplier preuves sur preuves, si j’avais le temps.

Je prendrais Chaucer et je vous montrerais pourquoi il a écrit une « légende de femmes bonnes » et non une « légende d’hommes bons ». Je prendrais Spenser et vous montrerais que tandis que ses chevaliers féeriques quelquefois se trompent et quelquefois sont vaincus, l’âme d’Una n’est jamais obscurcie et l’épée de Britomart jamais brisée. Je pourrais même, remontant à l’enseignement mythologique des temps les plus reculés, vous montrer comment ce grand peuple, dont il était écrit qu’une des princesses élèverait, au lieu d’une femme de sa race, le législateur de toute la terre — comment, dis-je, ce grand peuple Égyptien, la plus sage de toutes les nations, donna à l’esprit de Sagesse la forme d’une femme et plaça dans sa main la navette de la fileuse. Je vous dirais aussi comment le nom, la forme de cet Esprit adopté, divinisé et obéi par les Grecs, devint cette Pallas Athéné, au rameau d’olivier et au bouclier de nuages, à la foi en laquelle vous devez jusqu’à ce jour tout ce que vous tenez pour infiniment précieux dans l’art, la littérature et les types des vertus nationales.

63. Mais je ne veux point m’égarer dans cet élément mythologique et lointain, je veux seulement vous prier