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écossaise, sont d’un témoin digne de foi ; et parmi toutes celles-ci nous ne trouvons que trois hommes qui atteignent le type héroïque[1] : Dandie Dinmont, Rob Roy et Claverhouse. De ces trois hommes, l’un est un fermier des frontières, l’autre un maraudeur, le troisième, le soldat d’une mauvaise cause. Ils ne touchent à l’héroïsme idéal que par leur courage et leur foi, alliés à une intelligence vigoureuse mais inculte ou employée mal à propos. D’autre part, les hommes plus jeunes de Walter Scott ne sont que les nobles jouets de la fortune fantasque, et c’est seulement grâce à l’aide de cette fortune, ou par hasard, qu’ils survivent, mais sans les vaincre, à d’involontaires épreuves. D’un caractère discipliné et constant, ardent à la réalisation d’un dessein sagement conçu ; ou d’une volonté qui, luttant contre les manifestations du mal ennemi, les défie avec sang froid et les subjugue résolument, on ne trouve point de traces dans la conception de ses personnages de jeunes hommes. Cependant, dans ses créations de femmes, chez Hélène Douglas,

  1. Afin de me faire comprendre parfaitement, j’aurais dû noter les différentes faiblesses qui abaissent l’idéal des autres grands caractères d’hommes dans les romans de Waverley — l’égoïsme et l’étroitesse de pensée chez Redgauntlet ; la faiblesse et l’enthousiasme religieux chez Édouard Glendinning et d’autres ; et j’aurais dû noter qu’il existe plusieurs caractères parfaits, esquissés parfois dans le fond du paysage : trois d’entre eux (acceptons joyeusement cette marque de courtoisie envers l’Angleterre et ses soldats) sont des officiers anglais : le colonel Gardiner, le colonel Talbot et le colonel Mannering.