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dans un dessein sans erreur. Cordélia, Desdémone, Isabelle, Hermione, Imogène, la reine Catherine, Perdita, Sylvie, Viola, Rosalinde, et la dernière et peut-être la plus aimable, Virgilie, toutes demeurent pures de fautes, conçues par le poète sur le type le plus hautement héroïque de l’humanité.

57. Secondement, observez encore ceci : La catastrophe de chaque pièce est toujours amenée par la folie ou la faute d’un homme ; la rédemption, s’il en est une, par la sagesse et la vertu d’une femme ; si cela aussi manque, il n’est point de rédemption. La perte du Roi Lear est due à son propre manque de jugement, à son impatiente vanité, à son inintelligence de la nature de ses enfants. La vertu de sa seule vraie fille l’eût sauvé de toutes les méchancetés des autres, s’il ne l’eût lui-même chassée d’auprès de lui ; les choses étant ce qu’elles sont, elle le sauve presque.

D’Othello je n’ai pas besoin de dire l’histoire, ni l’unique faiblesse de son puissant amour, ni l’infériorité de son intelligence compréhensive à celle même de la seconde femme de la pièce, de cette Émilie, qui meurt en jetant contre son erreur ce furieux témoignage : « Oh ! le stupide meurtrier ! Qu’est-ce qu’un tel imbécile avait à faire d’une si bonne femme ? »

Dans Roméo et Juliette, le stratagème courageux et avisé de la femme aboutit, à cause de la légèreté impatiente du mari, à une issue désastreuse. Dans Un conte d’hiver et dans Cymbeline, le bonheur et l’existence de deux maisons princières, bonheur perdu depuis de