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meurent calmes et leur souvenir est pour leur race un honneur et un bienfait perpétuels. Tous les hommes sages savent et ont su ces choses depuis que la forme de l’homme a été séparée de la poussière ; la connaissance et le commandement de ces lois n’a rien à faire avec la religion[1] : un homme bon et sage diffère d’un

  1. Tout lecteur, ayant un peu de flair métaphysique, trouvera une certaine parenté entre l’idée exprimée ici (depuis « Toutes les créatures humaines »), et la théorie de l’Inspiration divine dans le chapitre iii : « Il ne sera pas doué d’aptitudes plus hautes ni appelé à une fonction nouvelle. Il sera inspiré… selon les capacités de sa nature » et, cette remarque « La forme que prit plus tard l’esprit monastique tint beaucoup plus… qu’à un changement amené par le christianisme dans l’idéal de la vertu et du bonheur humains ». Sur cette dernière idée Ruskin a souvent insisté, disant que le culte qu’un païen offrait à Jupiter n’était pas très différent de celui qu’un chrétien etc… D’ailleurs dans ce même chapitre iii de la Bible d’Amiens, le Collège des Augures et l’institution des Vestales sont rapprochés des ordres monastiques chrétiens. Mais bien que cette idée soit par le lien que l’on voit, si proche des précédentes, et comme leur alliée c’est pourtant une idée nouvelle. En ligne directe elle donne à Ruskin l’idée de la Foi d’Horace et d’une manière générale tous les développements similaires. Mais surtout elle est étroitement apparentée à une idée bien différente de celles que nous signalons au commencement de cette note, l’idée (analysée dans la note des pages 244, 245, 246) de la permanence d’un sentiment esthétique que le christianisme n’interrompt pas. Et maintenant que de chaînons en chaînons, nous sommes arrivés à une idée si différente de notre point de départ (bien qu’elle ne soit pas nouvelles pour nous), nous devons nous demander si ce n’est pas l’idée de la continuité de l’art grec par exemple, des métopes du Parthénon aux mosaïques de Saint-Marc et au labyrinthe d’Amiens (idée qu’il n’a probablement crue vraie que parce qu’il l’avait trouvée belle) qui aura ramené Ruskin étendant cette vue d’abord esthétique à la religion et à l’histoire, à concevoir pareillement le collège des Augures comme assimilable à l’Institution bénédictine, la dévotion à Hercule comme équivalente à la dévotion à saint Jérôme, etc., etc.

    Mais du moment que la religion chrétienne différait peu de la religion grecque (idée : « plutôt qu’à un changement amené idée