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la bible d’amiens.

quatre-feuilles représentent l’ordre charmant de l’année qu’ils protègent et sanctifient, avec les signes du zodiaque au dessus, et les travaux des mois au-dessous ; différant peu de la manière dont ils sont toujours représentés — excepté pour mai : voyez la page suivante. La libra aussi est assez rare dans la femme qui tient les balances ; le lion particulièrement de bonne humeur, et la moisson, un des plus beaux morceaux dans toute la série de sculptures ; plusieurs des autres particulièrement fines et fouillées[1].

    saints du pays. À Chartres, figurent également tous les saints du diocèse ; au Mans, à Tours, à Soissons, à Lyon, des vitraux retracent leur vie. Chacune de nos cathédrales présente ainsi l’histoire religieuse d’une province. Partout les saints du diocèse, tiennent après les apôtres la première place (Male, 390 et suivantes). — (Note du Traducteur.)

  1. L’étude des travaux des mois dans nos différentes cathédrales est une des plus belles parties du livre de M. Male. « Ce sont vraiment, dit-il en parlant de ces calendriers sculptés, les Travaux et les Jours. » Après avoir montré leur origine byzantine et romane il dit d’eux : « Dans ces petits tableaux, dans ces belles géorgiques de la France, l’homme fait des gestes éternels. » Puis il montre malgré cela le côté tout réaliste et local de ces œuvres : « Au pied des murs de la petite ville du moyen âge commence la vraie campagne… le beau rythme des travaux virgiliens. Les deux clochers de Chartres se dressent au-dessus des moissons de la Beauce et la cathédrale de Reims domine les vignes champenoises. À Paris, de l’abside de Notre-Dame on apercevait les prairies et les bois ; les sculpteurs en imaginant leurs scènes de la vie rustique purent s’inspirer de la réalité voisine », et plus loin : « Tout cela est simple, grave, tout près de l’humanité. Il n’y a rien là des Grâces un peu fades des fresques antiques : nul amour vendangeur, nul génie ailé qui moissonne. Ce ne sont pas les charmantes déesses florentines de Botticelli qui dansent à la fête de la Primavera. C’est l’homme, tout seul, luttant avec la nature ; et si pleine de vie, qu’elle a gardé, après cinq siècles, toute sa puissance d’émouvoir. » On comprend après avoir lu cela que M. Séailles parlant du livre de M. Male ait pu dire qu’il ne connaissait pas un plus bel ouvrage de critique d’art. — (Note du Traducteur.)