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interprétations

9 B. Avarice avec un coffre et de l’argent. La notion moderne commune aux Anglais et aux Amiénois sur la divine consommation de la manufacture de laine.

    d’Amiens dans Pleasures of England : « Tandis que la Charité idéale de Giotto à Padoue présente à Dieu son cœur dans sa main, et en même temps foule aux pieds des sacs d’or, les trésors de la terre, et donne seulement du blé et des fleurs : au porche ouest d’Amiens elle se contente de vêtir un mendiant avec une pièce de drap de la manufacture de la ville (Pleasures of England, iv).

    La même comparaison (rencontre certainement fortuite) se trouve être venue à l’esprit de M. Male, et il l’a particulièrement bien exprimée.

    « La Charité qui tend à Dieu son cœur enflammé, dit-il, est du pays de saint François d’Assise. La charité qui donne son manteau aux pauvres est du pays de saint Vincent de Paul. »

    Ruskin compare encore différentes interprétations de la Charité dans Stones of Venice (chap. sur le Palais des Doges) : « Au cinquième chapiteau est figurée la charité. Une femme, des pains sur ses genoux en donne un à un enfant qui tend les bras vers elle à travers une ouverture du feuillage du chapiteau. Très inférieure au symbole giottesque de cette vertu. À la chapelle de l’Arena elle se distingue de toutes les autres vertus à la gloire circulaire qui environne sa tête et à sa croix de feu. Elle est couronnée de fleurs, tend dans sa main droite un vase de blé et de fleurs, et dans la gauche reçoit un trésor du Christ qui apparaît au-dessus d’elle pour lui donner le moyen de remplir son incessant office de bienfaisance, tandis qu’elle foule aux pieds les trésors de la terre. La beauté propre à la plupart des conceptions italiennes de la Charité est qu’elles subordonnent la bienfaisance à l’ardeur de son amour, toujours figuré par des flammes ; ici elles prennent la forme d’une croix, autour de sa tête ; dans la chapelle d’Orcagna à Florence elles sortent d’un encensoir qu’elle a dans sa main ; et, dans le Dante, l’embrasent tout entière, si bien que dans le brasier de ces claires flammes, on ne peut plus la distinguer. Spencer la représente comme une mère entourée d’enfants heureux, conception qui a été, depuis, banalisée et vulgarisée par les peintres et les sculpteurs anglais » (Stones of Venice, I, v, § lxxxi). Voir au paragraphe lxviii du même chapitre comment le sculpteur vénitien a distingué la Libéralité de la Charité. — (Note du Traducteur.)