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pied est sur leur tête, et la prophétie : « Inculcabis super leonem et aspidem[1] » est toujours reconnue comme accomplie en Lui, et en tous Ses vrais serviteurs, selon la hauteur de leur autorité et la réalité de leur influence.

35. C’est en ce sens mystique qu’Alexandre III se servit de ces paroles en rétablissant la paix en Italie et en accordant le pardon à l’ennemi le plus mortel de ce pays sous le portique de Saint-Marc[2]. Mais le sens de chaque action, comme de chaque art des âges chrétiens, perdu maintenant depuis trois cents ans, ne peut dans notre temps être lu qu’à rebours[3], s’il peut être lu du tout, au travers de l’esprit contraire qui est maintenant le nôtre. Nous glorifions l’orgueil et l’avarice comme les vertus par lesquelles toutes choses existent et se meuvent, nous suivons nos désirs comme nos seuls guides vers le salut, et nous exhalons le bouillonnement de notre propre honte, qui est tout ce que peuvent produire sur la terre nos mains et nos lèvres.

36. De la statue du Christ elle-même je ne parlerai pas longuement ici, aucune sculpture ne satisfaisant ni ne devant satisfaire l’espérance d’une âme aimante qui a appris à croire en lui ; mais à cette époque elle dépassa ce qui avait jamais été atteint jusque-là en tendresse sculptée ; et elle était connue au loin comme de

  1. « Tu marcheras sur l’Aspic et sur le Basilic et tu fouleras aux pieds le lion et le dragon » (Psaume XCI, 13). — (Note du Traducteur.)
  2. Voyez mon résumé de l’histoire de Barberousse et Alexandre dans Fiction, Beau et Laid. Ninetenth century, novembre 1880, p. 752, seq. Voyez Sur la Vieille Route, vol. II, p, 3. — (Note de l’Auteur.)

    La citation faite par Alexandre III est aussi rappelée dans Stones of Venice, II, III, 59. — (Note du Traducteur.)

  3. Cf. chapitre ier, § 33, de ce volume « jusqu’à ce que le même signe soit lu à rebours par un trône dégénéré ». — (Note du Traducteur.)