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la bible d’amiens.

paraître de la grandeur d’un four à chaux moyen. Pourtant il a deux fois la hauteur de l’abside d’Amiens ! et il faut une solide construction pour qu’en ne se servant que de morceaux de chaux comme ceux qu’on peut extraire dans le voisinage de la Somme, on arrive à faire durer 600 ans une œuvre seulement moitié moins haute.

10. Cela demande une bonne construction, dis-je, et vous pouvez même affirmer la meilleure qui fut jamais ou sera vraisemblablement vue de longtemps sur le sol immuable et fécond où l’on pouvait compter que se maintiendrait à jamais un pilier quand il avait été bien édifié, et où des nefs de trembles, des vergers de pommes, et des touffes de vigne, fournissaient le modèle de tout ce qui pouvait le plus magnifiquement devenir sacré dans la permanence de la pierre sculptée. Du bloc brut placé sur l’extrémité du Bethel druidique à cette Maison du Seigneur et cette porte du Ciel au bleu vitrage[1], vous avez le cours entier et l’accomplissement de tout l’amour et de tout l’art des architectes religieux du nord.

11. Mais remarquez encore et attentivement que cette abside d’Amiens n’est pas seulement la meilleure, mais la première chose exécutée parfaitement en ce genre par la chrétienté du nord. Aux pages 323 et 327[2] du tome VI de M. Viollet-le-Duc vous trouverez l’histoire exacte du développement de ces ogives à travers lesquelles vient briller en ce moment à vos yeux la lumière de l’orient, depuis les formes moins parfaites, les premières ébauches de Reims ; et l’apogée de la parfaite

  1. Cf. « J’ai vu, gravée au-dessus du porche de bien des églises cette inscription : C’est ici la maison de Dieu et la Porte du Ciel » (The Crown of wild olive, II). — (Note du Traducteur).
  2. Article Meneau. — (Note du Traducteur.)