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reçue avec courage, l’Écriture méditée avec conscience et le Pasteur écouté avec foi, que la pure parole de Dieu, la brillante épée de l’Esprit[1] peuvent être reconnues dans le cœur et dans la main de la Chrétienté. L’effet de la poésie et de la légende bibliques sur sa pensée peut se suivre plus loin à travers les âges de décadence et dans les champs sans limites ; donnant naissance pour nous au Paradis perdu, non moins qu’à la Divine Comédie ; — au Faust de Gœthe et au Caïn de Byron non moins qu’à l’Imitation de Jésus-Christ.

43. Bien plus, l’écrivain qui veut comprendre le plus complètement possible, l’influence de la Bible sur l’humanité, doit être capable de lire les interprétations qui en sont données par les grands arts de l’Europe à leur apogée. Dans chaque province de la chrétienté, proportionnellement au degré de puissance artistique qu’elle possédait, des séries d’illustrations de la Bible parurent progressivement, commençant par les vignettes qui illustraient les manuscrits et, en passant par la sculpture de grandeur naturelle, finissant par atteindre sa pleine puissance dans une peinture pleine de vérité. Ces enseignements et ces prédications de l’Église par le moyen de l’art, ne sont pas seulement une partie des plus importantes de l’action apostolique générale du christianisme, mais leur étude est une partie nécessaire de l’étude biblique, si bien qu’aucun homme ne peut comprendre la pensée profonde de la Bible elle-même tant qu’il n’a pas appris à lire ces commentaires nationaux et n’a pas pris conscience de leur valeur

  1. « Prenez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit qui est la parole de Dieu (saint Paul, Éphésiens, vi, 17). Saint Paul développe l’image dans l’Épître aux Hébreux (iv, 12). — (Note du Traducteur.)