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entier. L’orateur païen va jusqu’à déclarer que l’Empereur aurait craint en les abolissant, de mettre en danger la sûreté de l’État. L’empereur portait encore le titre et les insignes du Souverain Pontife ; les consuls avant d’entrer en fonctions montaient au Capitole, les processions religieuses passaient à travers les rues encombrées et le peuple se pressait aux fêtes et aux représentations qui faisaient encore partie du culte païen[1]. »

Là Jérôme a dû entendre parler de ce que toutes les sectes chrétiennes tenaient pour le jugement de Dieu entre elles et leur principal ennemi — la mort de l’empereur Julien. Mais nous ne possédons rien qui nous permette de retracer et je ne veux pas conjecturer le cours de ses propres pensées jusqu’au moment où la direction de sa vie tout entière fut changée par le baptême. Nous devons à la candeur qui est la base de son caractère une phrase de lui, relativement à ce changement qui vaut des volumes d’une confession ordinaire. « Je quittai non seulement mes parents et ma famille mais les habitudes luxueuses d’une vie raffinée. »

Ces mots mettent en pleine lumière ce qui, à nos natures moins courageuses semble l’interprétation exagérée par les nouveaux convertis des paroles du Christ : « Celui qui aime son père et sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi[2]. » Nous nous contentons

  1. Milman, Histoire du Christianisme, vol. III, p, 162. Remarquez la phrase en italique, car elle relate la vraie origine de la papauté. — (Note de l’Auteur.)
  2. Saint Mathieu, x, 37. Cf. Fors Clavigera : « Il vient une heure pour tous ses vrais disciples où cette parole du Christ doit entrer dans leur cœur : « Celui qui aime son père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. » Quitter la maison où est