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dire, en prose moins poétiquement rythmée (Gibbon eût mieux fait de mettre tout de suite son histoire en hexamètres), que Valentinien garde sous sa propre surveillance toute l’Europe et l’Afrique romaine et laisse la Lydie et le Caucase à son frère. La Lydie et le Caucase ne formèrent jamais et ne pouvaient pas former un empire d’Orient, c’étaient simplement des sortes de colonies, utiles pour l’impôt en temps de paix, dangereuses par le nombre en temps de guerre. Il n’y eut jamais du viie siècle avant au viie siècle après Jésus-Christ qu’un seul empire romain[1], expression du pouvoir sur l’humanité d’hommes tels que Cincinnatus[2] ou Agricola ; il expire quand leur race et leur caractère expirent ; son extension nominale, son éclat à un moment quelconque, n’est rien de plus que le reflet plus ou moins lointain sur les nuages de flammes s’élevant d’un autel où leur aliment était de nobles âmes. Il n’y a aucune date véritable de son partage, il n’y en a pas de sa destruction. Que le Dacien Probus ou le Norique Odoacre soit sur le trône, la force de son principe vivant est seule à considérer, demeurant dans les arts, dans les lois, dans les habitudes de la pensée, régnant encore en Europe jusqu’au XIIe siècle ; régnant encore aujourd’hui comme langue et comme exemple sur tous les hommes cultivés.

22. Mais, pour le partage nominal fait par Valentinien,

  1. Cf. Il n’y eut jamais qu’un seul art grec, des jours d’Homère à ceux du doge Selvo (St-Marks Rest, VIII, § 92). — (Note du Traducteur.)
  2. Dans Crown of wild olive Cincinnatus symbolisait aussi la force de Rome. « Elle fut (l’agriculture), la source de toute la force de Rome et de toute sa tendresse, l’orgueil de Cincinnatus et l’inspiration de Virgile (la Couronne d’olivier sauvage, p. 196). — (Note du Traducteur.)