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faisait route pour la France[1] et la litière dans laquelle elle voyageait capturée avec une partie de sa dot. Mais la princesse elle-même monta à cheval, se dirigea avec une partie de son escorte vers la France, « ordonnant à ses serviteurs de mettre le feu à toute chose appar-

  1. C’est une preuve curieuse de l’absence, chez les historiens médiocres, du plus léger sens de l’intérêt véritable de la chose qu’ils racontent, quelle qu’elle soit, que ni dans Gibbon, ni dans MM. Bussey et Gaspey, ni dans la savante Histoire des villes de France, je ne puis trouver, dans les recherches les plus consciencieuses que me permet de faire ma matinée d’hiver, quelle ville était en ce temps la capitale de la Burgondie ou au moins dans laquelle de ses quatre capitales nominales — Dijon, Besançon, Genève et Vienne — fut élevée Clotilde. La probabilité me paraît en faveur de Vienne (appelée toujours par MM. B. et G. « Vienna » avec l’espoir de quel profit pour l’esprit de leurs lecteurs peu géographes, je ne puis le dire) surtout parce qu’on dit que la mère de Clotilde a été « jetée dans le Rhône avec une pierre au cou ». L’auteur de l’introduction de la Bourgogne dans l’Histoire des Villes est si impatient d’avoir à donner son petit coup de dent à ce qui peut, en quoi que ce soit, avoir rapport à la religion, qu’il oublie entièrement l’existence de la première reine de France, ne la nomme jamais, ni, comme tel, le lieu de sa naissance, mais fournit seulement à l’instruction des jeunes étudiants ce contingent bienfaisant que Gondebaud « plus politique que guerrier, trouva au milieu de ses controverses théologiques avec Avitus, évêque de Vienne, le temps de faire mourir ses trois frères et de recueillir leur héritage ».

    Le seul grand fait que mes lecteurs auront tout avantage à se rappeler, c’est que la Bourgogne, en ce temps-là, par quelque roi ou tribu victorieuse que ses habitants puissent être soumis, comprend exactement la totalité de la Suisse française, et même allemande, jusque Vindonissa à l’est, la Reuss, de Vindonissa au Saint-Gothard, en passant par Lucerne, étant sa limite effective à l’est ; qu’à l’ouest, il faut entendre par Bourgogne tout le Jura, et les plaines de la Saône, et qu’au sud elle comprenait toute la Savoie et le Dauphiné. Selon l’auteur de la Suisse historique, le messager de Clovis fut d’abord envoyé à Clotilde, déguisé en mendiant, tandis qu’elle distribuait des aumônes à la porte de Saint-Pierre à Genève, et c’est de Dijon qu’elle partit et s’enfuit, en France, poursuivie par les émissaires de son oncle. — (Note de l’Auteur).