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chaussée qui faisait partie de la grande route romaine de Lyon à Boulogne.

23. Et cela vaut bien aussi que, quelque jour glacé d’automne ou d’hiver, quand le vent d’est est fort, vous restiez quelques moments à cette place à sentir son souffle, en vous rappelant ce qui s’est passé là, mémorable pour tous les hommes, et profitable, dans cet hiver de l’année 332, pendant que les gens mouraient de froid dans les rues d’Amiens ; notamment ceci : que le cavalier romain, à peine sorti de la porte de la ville, rencontra un mendiant nu, tremblant de froid ; et que, ne voyant pas d’autre moyen de l’abriter, il tira son épée, partagea son manteau en deux, et lui en donna une moitié.

Pas un don ruineux, ni même d’une générosité enthousiaste : la coupe d’eau fraîche de Sidney exigeait plus d’abnégation ; et je suis bien certain que plus d’un enfant chrétien de nos jours, lui-même bien réchauffé et habillé, rencontrant un homme nu et gelé, serait prêt à retirer son manteau de ses épaules et à le donner tout entier au nécessiteux si sa nourrice mieux avisée, ou sa maman, le lui laissaient faire. Mais le soldat romain n’était pas un chrétien et accomplissait sa charité sereine en toute simplicité, et pourtant avec prudence.

Quoi qu’il en soit, cette même nuit il contempla dans un rêve le Seigneur Jésus, qui était devant lui, au milieu des anges, ayant sur ses épaules la moitié du manteau dont il avait fait don au mendiant.

Et Jésus dit aux anges qui étaient autour de lui :

    même des rois de Rome et principalement de Romulus. — (Note de l’Auteur.)