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car c’est sur cette proportion que se règlent tous les besoins de circonstance et de localité, et toutes les mesures à prendre pour y répondre.

AMERIQUE SEPTENTRIONALE. Année. Blancs. Hommes de couleurs. Nègres. Indiens.
États-Unis 1820 7 793 008 1 769 456 400 000
Mexique 1824 1 360 000 2 070 000 8 400 3 430 000
Guatimala 1824 190 000 320 000 10 000 965 400
Possèssions britaniques 1822 1 038 000 inconnus. 5 000 inconnus.
AMERIQUE DU SUD.
Colombie 1824 600 000 720 000 470 000 854 600
Pérou 1795 136 311 285 841 40 336 608 911
Chili 1778 80 000 inconnus. 240 000 430 000
La Plata 1824 475 000 305 000 70 000 1 150 000
avec les Créoles.
Brésil 843 000 628 000 1 987 500 300 000
Guyanne française 1 025 1 982 13 200 10 000
Guyanne anglaise 3 421 3 220 109 349 inconnus.
Guyanne hollandaise 8 525 inconnus. 72 000 6 200
dont 3000 Juifs.
Indes occidentales 450 000 1 600 000

Ainsi que le prouvent ces indications, la disproportion des forces matérielles est immense dans beaucoup de parties de l’Amérique ; ce n’est pas une chose facile que d’expliquer comment il est possible qu’un si grand nombre de noirs soit contenu par un si petit nombre de blancs dans un tel état d’obéissance et d’esclavage, et cela, lors même qu’on tiendrait compte des avantages que donnent les armes ; les places fortes, la possession réelle de la puissance légale, et la facilité d’obtenir des secours d’Europe en cas d’insurrection des Nègres : l’expérience a prouvé que, si la force devait en décider, les Noirs l’emporteraient dans la plupart des colonies ; il faut donc que la durée d’un pareil ordre de choses repose sur une prépondérance morale. Cependant elle n’exclut pas la perfectibilité des Nègres, ni la possibilité qu’un jour ils deviennent les égaux des blancs. Comme on a voulu justifier, au moyen de l’infériorité physique et morale des Nègres, l’esclavage en lui-même et tous ses abus, il n’est pas étonnant que d’autre part des philanthropes aient attaqué ce fait et que dans leur enthousiasme pour les Nègres, ils soient allés si loin qu’ils aient nui à la bonne cause qu’ils défendaient tant par leurs exagérations, que par des conclusions trop générales, tirées de faits particuliers ; car leurs adversaires sont prompts à profiter du côté faible qu’on leur présente en ce genre de raisonnement. Qu’il existe des Nègres instruits et civilisés ; que l’on cite de leur part des actions généreuses, cela ne prouve rien ; l’existence de la république d’Haïti ne suffirait pas pour justifier tout ce qui a été dit à la louange des Nègres. Quand même nous accorderions que le mécanisme des gouvernemens