car c’est sur cette proportion que se règlent tous les besoins de circonstance et de localité, et toutes les mesures à prendre pour y répondre.
Ainsi que le prouvent ces indications, la disproportion des forces matérielles est immense dans beaucoup de parties de l’Amérique ; ce n’est pas une chose facile que d’expliquer comment il est possible qu’un si grand nombre de noirs soit contenu par un si petit nombre de blancs dans un tel état d’obéissance et d’esclavage, et cela, lors même qu’on tiendrait compte des avantages que donnent les armes ; les places fortes, la possession réelle de la puissance légale, et la facilité d’obtenir des secours d’Europe en cas d’insurrection des Nègres : l’expérience a prouvé que, si la force devait en décider, les Noirs l’emporteraient dans la plupart des colonies ; il faut donc que la durée d’un pareil ordre de choses repose sur une prépondérance morale. Cependant elle n’exclut pas la perfectibilité des Nègres, ni la possibilité qu’un jour ils deviennent les égaux des blancs. Comme on a voulu justifier, au moyen de l’infériorité physique et morale des Nègres, l’esclavage en lui-même et tous ses abus, il n’est pas étonnant que d’autre part des philanthropes aient attaqué ce fait et que dans leur enthousiasme pour les Nègres, ils soient allés si loin qu’ils aient nui à la bonne cause qu’ils défendaient tant par leurs exagérations, que par des conclusions trop générales, tirées de faits particuliers ; car leurs adversaires sont prompts à profiter du côté faible qu’on leur présente en ce genre de raisonnement. Qu’il existe des Nègres instruits et civilisés ; que l’on cite de leur part des actions généreuses, cela ne prouve rien ; l’existence de la république d’Haïti ne suffirait pas pour justifier tout ce qui a été dit à la louange des Nègres. Quand même nous accorderions que le mécanisme des gouvernemens